Je vais aujourd’hui vous faire découvrir une marque forte intéressante et peu connu en Europe que j’ai eu plaisir à déguster en compagnie de quelques amateurs, sur la terrasse de «La Couronne ». Connaissez-vous ou peu la marque « Drew Estate » ? Ce nom doit vous être familier, si comme moi vous êtes du genre à fouiner sur certains blogs cigares US ou si vous voyagez beaucoup outre-Atlantique.
Cette marque toute jeune fut créée fin 1998 par Jonathan Drew & Marvin Samel, deux jeunes fous et passionnés dont l’histoire comme tant d’autres ne démarre pas par l’exode du grand-père fuyant Cuba, un sac de semence en poche comme unique trésor. Non, ces deux-là, ces doux rêveurs originaires de New York ont commencé par vendre leur petite production de quelques milliers de stogies du Nicaragua dans un kiosque de 5 m², situé dans une des tours du « World Trade Center » et non dans un garage pour une fois. Un véritable rêve à l’américaine puisque aujourd’hui leur production atteint pas moins de 100’000 cigares/ jour, le tout sur une surface totale de 96’000 m², ouvert en 2007 la Gran Fabrica « Drew Estate » est l’une des plus grandes usines de cigares du Nicaragua. Bien entendu, les premiers temps ont été semés d’embûches, leurs manques d’expérience et leurs manques d’argent, ils doivent constamment emprunter à leurs parents, à leurs familles et aux amis, malgré cette aide, cela ne suffit pas à lancer leur petite entreprise. Un an plus tard, début 1999, Jonathan de retour du Nicaragua, revient à Brooklyn chargé de nouveau mélange pour sa prochaine version « Drew Estate », il est persuadé qu’il faut du spectaculaire, du choquant et du jamais vu pour se démarquer de la concurrence.
La chance leur sourit enfin cette année-là, grâce à une rencontre providentielle, celle de « Dumbo » un artiste émergent de cette époque, excellant dans le « street art » et celui de l’art de la moto, ils trouvent en lui le moteur à leur développement, fusionner ce courant « Urban Art » à celui d’un cigare au goût alternatif, rapidement les 3 hommes s’entendent et décident de produire ensemble une ligne spéciale pour les motards, la marque « ACID » est née, des cigares très identifiables par des bagues aux couleurs acidulées et aux saveurs improbables, connaitront immédiatement un succès détonnant, eh oui, vive l’Amérique !! Ces profits leur permettront enfin de développer d’autres « liga », toujours plus singulières et plus abouties, cultiver cette différence sera leur marque de fabrique jusqu’à nos jours.
Lors de cette dégustation à Nyon, une ligne a particulièrement retenu mon attention parmi trois autres cigares, celle de la ligne « Liga Privada », je vous épargnerai la dégustation des deux autres « no comment ».
Très sombre, ce cigare semble se nourrir « d’oscurantisme » ! Je trouve que cette teinte de bois carboné lui ajoute une touche d’incrédulité, de noirceur si bien louée dans le passé par « L’Or Noir des Caraïbes » je fais bien sûre allusion à la feuille de « tabac noir », qui transcende à merveille cet oscuro n°9 de « Drew Estate ». Son parfum peut décontenancer et rebuter le nez de l’amateur par une grimace, peu accoutumé à cette consistance olfactive puissante et mais très intéressante, à la seule condition de vous nourrir de celle-ci pendant au moins cinq bonnes minutes avant de l’allumer, vous y percevrez des notes lourdes ‘réglissées’ et de goudronnées pour commencer, puis par des notes plus suaves et délicates de pain d’épices et de caramel brûlé, bien plus séduisant. Par contre à ‘crudo’, c’est un petit goût suave, de type fruit confit qui charme mes papilles, un air plus doucereux en somme. Bref, cette entrée en matière me plaît beaucoup.
Dans un premier temps, sa forme gustative onctueuse et consistante enveloppe de suite le palais, exhaussant des saveurs terreuses et torréfiées, de tourbe, de notes boucanées et d’épices. Une richesse en goût de longueur grasse et agréable dans l’ensemble qui plaide en faveur de la rondeur et de la douceur, comme le ferait une bière crémeuse au goût toasté d’une « Leffe Rituel à 9° ». Une première partie qui se révèle très rapidement en bouche sur une sensation généreuse et affable, à la puissance moyenne.
Dès le second et 3eopus, son agrément s’exécute sur un registre gustatif cyclique et parfaitement réglé comme une montre Suisse, le tout sur une volupté de contenance harmonieuse. Cette musique plus corpulente s’exécute parfaitement dans une partition aux saveurs sombres et grasses de terre fumée, de marc de café, de poivré et de réglisse vanillée. Dans sa globalité, cela reste tout de même assez linéaire gustativement, mais plaisant grâce à sa douceur et sa bonne consistance, un cigare que l’on se surprend à déguster sans la moindre intrigue, avec complaisance. Personnellement, cet « Liga Privada » sait se distinguer de ses homologues Nicaraguayens par un certain charisme olfactif, une sorte de tempérament à neutraliser votre jugement, à vous endormir peut-être ! Le dernier temps, tout aussi crémeux persiste sans grande distinction aromatique, laissant psalmodier ses notes répétitives de ‘tourbé’, ‘reglissé’ et torréfié. Un cigare que je vous invite à découvrir prochainement à « La Couronne ». Ma note de cœur 15/20, un très bon Nica.
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Origine: tripe: Nicaragua/Honduras, Sous-cape: Brésil, cape: Connecticut
- Format: robusto
- Taille: 127mm x 21,4mm
- Bague: 54
- Poids: 18,4gr
- Année: 2016
- Prix: 14,7€
Drew Estate « n°9 »
très mauvais/ de 1 à 4
sans intérêt/ de 5 à 8
bon/ de 9 à 12
très bon/ de 13 à 16
excellent/ de 17 à 20
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