Enquête sur Le mythe « Zino Davidoff ».

Aujourd’hui, j’aimerais vous faire partager le fruit de mes recherches !

Tout commence par ces quelques lignes tirées d’un livre que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, pour les autres vous trouverez facilement d’où provient cet extrait.

…Ce fût bientôt notre tour d’être traqués : Je quittai la Russie en wagon plombé ; à Genève, mon père dénicha une petite échoppe et se remit au travail. Des exilés comme nous prirent l’habitude de nous rendre visite. Ils préparaient avec fièvre la Révolution. L’un deux m’impressionnait beaucoup. Il avait un visage maigre, des yeux brillants. Il parlait d’une voix forte, prenait des cigares qu’il ne payait jamais. Mon père n’osait pas lui réclamer son dû. Sur le carnet de commande que je garde en souvenir, la mention « impayé » figure  souvent en face de son nom : Vladimir Oulianoff. Il ne s’appelait pas encore Lénine.  Introduction page 17 « Le livre du connaisseur de cigare » écrit en 1967 par Zino Davidoff.

 

zino davidoff_young

Zino Davidoff jeune

Oui , mais alors ! Eh bien, mes recherches démarrent de là, et plus exactement sur cette fameuse « petite échoppe » décrite dans son livre et dans de nombreuses biographies, l’endroit où Henri Davidoff le père de Zino ouvrit son commerce de tabac à partir de 1911, le lieu emblématique où toute l’aventure Zino Davidoff débuta quelques années plus tard après un long et périlleux voyage en Argentine, au Brésil et à Cuba, un voyage rendu nécessaire pour parfaire ses connaissances du tabac et du « Cigare ». C’est à cette adresse pendant la Seconde Guerre mondiale que la légende Zino prendra vie, grâce notamment à Cuba qui lui confie pour mission d’écouler les cigares cubains bloqués dans les ports d’Europe dont personne ne se préoccupait. Cette adresse deviendra rapidement pour tous les amateurs le seul endroit où trouver un bon « Havane ». La guerre finie, Davidoff entreprend de créer sa propre ligne de cigare avec Cuba sous l’égide de la production d’Hoyo de Monterrey, née la série des Châteaux avec « Château Laffitte, Château Latour, Château Yquem, Château Haut-Brion et Mouton Rothschild. C’est seulement en 1969 que Cuba proposera à Zino de créer ses cigares ailleurs que chez Hoyo, avec la naissance du n°1 et n°2, Ambassadrice, et ensuite la série des 1000, 2000, 3000, 4000 et 5000…( voir les biographies qui circulent sur internet )         

Pas simple de revenir en arrière, plus d’un siècle tout de même s’est écoulé, est-ce que ce lieu si singulier à nos cœurs, si chargé d’histoire existe  toujours ? Peut- être a-t-il été réaffecté en immeuble de bureaux, en parking ou simplement détruit au profit d’un réaménagement des voiries, que sais-je ?

Pour la dernière adresse, c’est bien moins compliqué car elle n’a pas bougé depuis plusieurs décennies et se situe toujours 2 rue de Rives depuis 1970, l’année de ma naissance entre autres ! Avant celle-ci, Davidoff se trouvait non loin de là, sur l’angle de la rue du Marché au numéro 40 et de la rue de la Madeleine où se trouvait  « la Maison Bonnet » et plus récemment la boutique « H&M », une jolie arcade acquise par Zino dès 1964.

 

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Davidoff of Geneva 2, rue de Rive ( 2017 )

Mais avant cela, la première échoppe à tabac de la famille se trouvait « Quai des Philosophes » ( adresse citée dans une biographie de David FREY intitulé « «  »Eine Zigarre muss man wie eine schöne Frau behandeln … Vom Flüchtlingskind zum König der Havanna, eine biographische Annäherung an Zino Davidoff »», malheureusement pour moi, mes recherches s’arrêtaient là, l’adresse n’existait plus, il y a bien à Genève un « boulevard des Philosophes » mais rien à voir avec celle-ci. Me restait plus qu’une seule solution, consulter les archives d’état de la ville de Genève en sollicitant leur aide, c’est après quelques semaines d’attente que la réponse à mes tergiversations est enfin arrivée. ( je n’y croyais plus…) Voici le partage à tous les curieux comme moi.

davidoff_rue du marché genève

Davidoff cigares, 40,rue du Marché ( 1964/1970 )

A ce titre, je remercie chaleureusement Véronique Probst Noir « archiviste à l’hôtel de Ville » qui a pris le temps nécessaire pour mener sa petite enquête en me fournissant  la réponse que j’attendais.

Voici sa conclusion :  Le « Quai des philosophes » n’était autre que le « chemin des Philosophes » en 1911, c’est seulement en 1924 que cette rue fût rebaptisée « Rue Micheli-Du-Crest » en hommage au physicien et homme politique Suisse (Recueil des Lois CX, 1924, p.236), ainsi le 1er commerce du cigarettier Henri Davidoff se situait à l’actuelle « 1 rue Micheli du Crest » et miraculeusement rien n’a changé !

Aujourd’hui cet endroit accueille depuis plus de 50 ans la « Chocolaterie Micheli » tenue par la famille Poncioni depuis 1964 pour ceux qui la connaissent, une véritable institution pour les amateurs de chocolat. Ce qui est formidable dans cette histoire, ce sont les similitudes des deux activités qui ont régné à cette adresse, d’abord le cigare dont les arômes suggèrent souvent des notes pâtissières de chocolat, ainsi que la provenance du fruit de ces deux cultures, le plus souvent récolté dans les caraïbes et l’Amérique centrale. Comme quoi , parfois le hasard fait bien les choses. 

davidoff rue Micheli du Crest genève

Chocolaterie Micheli ( Davidoff cigares 1911/1964 )

Là où tout a commencé !

Voilà, j’espère que l’histoire vous aura plu ? Et lors de votre passage à Genève, prenez le temps de vous y rendre. Un petit pèlerinage s’impose à tous les amateurs de cigare et de chocolat.   

Cliquez sur ce lien, une surprise attend ceux qui ont lu tout l’article !!

 

3 commentaires sur “Enquête sur Le mythe « Zino Davidoff ».

  1. Merci pour ce post. J’attends toujours avec impatience vos écrits 🙂 Très intéressant de voir un passionné partager ses gouts, et maintenant carrément ses enquêtes! Merci encore de nous faire profiter de vos dons! Bien à vous (un Bolivar Gigantes fera écho à vos lignes ce soir chez moi)

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