Question : Y a-t-il conflit d’intérêt lorsque qu’un blogger cigare produit son propre cigare ?
Je répondrai, oui certainement ! En même temps je suis chez moi et je n’oblige personne à me lire et apprécier mes écrits. Chacun est toujours libre de se faire sa propre opinion.
C’est pour cela qu’aujourd’hui avec son accord, je partage la dernière publication du blog « Le petit aficionado » qui concerne justement la dégustation de notre dernier module, le « Sovereign ».
IZAMBAR SOVEREIGN
« Sovereign », voici un nom parfaitement choisi pour la troisième création d’Antonio et Edmond (le « Monarch » étant à ma connaissance la deuxième), qui n’a pas été sans me rappeler la fameuse Jaguar du même nom, que possédait le père de mon meilleur ami. Hormis cette allusion qui n’a aucun lien avec le nom de ce robusto (22.20mm x 127mm), je dois avouer que la véritable histoire derrière cette appellation est assez curieuse et pousse à la documentation. Sans rentrer dans les détails, vous découvrirez après avoir effectué les recherches qui vont bien, l’anecdote de monsieur Isambard Kingdom Brunel et de l’incident où il avala par inadvertence une pièce d’un demi-souverain, je n’en dirais pas plus.
Annoncé comme possédant une liga plus puissante par rapport au « Kingdom », je dois dire qu’il a été bien pensé de le différencier de ce dernier en apposant une bague de couleur noire. Est-ce un choix voulu de ses créateurs en jouant sur la psychologie des couleurs pour annoncer un cigare plus costaud que son grand frère ? Je ne peux répondre à leur place, mais si c’est le cas, c’est une très bonne idée qu’ils ont eue là. Une autre chose que j’apprécie dans ce cigare et dans la marque en général, c’est le fait de proposer des produits qui incarnent le luxe et l’élégance, sans forcément tomber dans les travers de certaines marques comme El Septimo. Là où cette dernière se targue de vendre des tabacs exceptionnels à prix élevé (sans que le plaisir soit au rendez-vous en ce qui me concerne …), Izambar a fait le choix de produire des modules de grande classe et de qualité mais qui restent accessibles à tous (je parle du tarif) ; le plaisir à prix honnête !!! Mais qu’est-ce qui change par rapport au « Kingdom » ?
La composition de la tripe tout simplement. Contrairement à son aîné, notre « Sovereign » se voit privé de son tabac en provenance de la région de Jalapa, pour être remplacé par des feuilles cultivées dans la région d’Ometepe, toujours couplées à du tabac d’Estelli cependant. J’aime ces cigares qui vous font voyager quand vous effectuez quelques recherches, à savoir que l’île d’Ometepe se trouve sur le lac Nicaragua et a la particularité d’abriter deux stratovolcans nommés Concepción et Maderas.
Place maintenant à la dégustation, laquelle s’est faite longuement désirer dès lors que j’ai reçu comme présent deux « Sovereign », entreposés dans un joli écrin. La cape luisante aux reflets chocolatés ne laisse pas indifférent, ni la construction exemplaire d’ailleurs. Pour ce qui est des senteurs perceptibles, je mentirais en disant qu’il n’est pas difficile de ne pas être charmé par ces notes épicées, boisées et timidement terreuses. Les premières bouffées se montrent très rapidement onctueuses et finement poivrées, rejointes après quelques centimètres par la terre humide et l’herbe fraichement coupée.
De discrètes saveurs torréfiées (café en grains et pain grillé) restent en arrière-plan, comme si elles attendaient le moment opportun pour se manifester. Voici un excellent premier tiers où se mêlent saveurs copieuses et onctuosité certaine, soutenues par une puissance parfaitement maîtrisée. De plus, je fais le constat agréable que la cape luisante laisse une légère sensation grasse sur le bord de mes lèvres, ce qui n’est pas pour me déplaire.
Pour sa deuxième partie, notre « Sovereign » prend un tournant plus délicat et pâtissier, où les notes torréfiées jusqu’ici discrètes, s’affirment pleinement. Les sensations sont quant à elles plus crémeuses en bouche, avec des pointes d’épices légères (muscade et cannelle) et de grillé. Les arômes sont plus fondants, sans oublier de faire preuve d’une extrême profondeur. C’est dans un registre plus animal et minéral, que le troisième et dernier tiers démarre sa prestation, sans pour autant délaisser cette onctuosité si persistante.
Un final assez simple finalement en ce qui concerne ses saveurs, mais qui suit un schéma logique quant au déroulement de la dégustation. À noter que la puissance, aussi présente soit-elle, n’a pas alterné entre montées et descentes, mais a su faire preuve d’une régularité constante fortement appréciable. C’est ravi que je termine la dégustation de ce nouveau module, qui n’est ni meilleur ni moins bon que le « Kingdom », mais qui réussit le pari de se distinguer parfaitement de ce dernier, pour affirmer ainsi pleinement sa propre personnalité.
À Antonio et Edmond je vous dis merci, déjà pour ce présent auquel je ne m’attendais pas, mais surtout pour nous avoir pondu un robusto de choix dans le monde des Nicaraguayens.