Benchmade est une marque du Nicaragua produite par Ashton et orchestrée par le non moins célèbre des torcedore, l’illustre ‘Don Pepin Garcia’. Son idée : produire un cigare long filler de grande qualité à un prix très attractif. Un cigare disponible en 5 tailles traditionnelles. (gordo, robusto, cazadores, toro, churchill) Seul le gordo, le robusto et le toro vendus pour moins de 5€ sont disponibles en France. Pour ce test d’aujourd’hui et en tant qu’amateur de gros module, mon choix c’est tout naturellement porté vers le toro.La grande question qu’on est en droit de se poser : « Est-il possible de fumer pas cher et bon, en y prenant du plaisir ? Que peut-on attendre d’un cigare à 4€ ? »
Ce cigare déniché cette Eté à la civette, place des armes à Rodez chez Mr Murat, a mis du temps pour trouver le chemin de mes lèvres. En effet, après avoir lu le récit de Thierry (Thierry et ses cigares) sur le benchmade robusto, assez critique et ma foi déçu par cette marque, je pensais donc avoir acquis un cigare de très moindre qualité, voilà pourquoi j’ai pris le temps. Malgré mon incrédulité, je me suis finalement décidé à fumer ce cigare, voici en quelques lignes mon ressenti.
Au premier abord, difficile de lui trouver quelques défauts, la cape maduro/ oscuro finement veinée et bien tendue épouse parfaitement ce corps souple et moelleux en se terminant par ce petit appendice (façon petite saucisse). Les effluves de la cape, se révèlent éloquents par des notes de cuir, de terre et de feuille morte, rien de déterminant pour l’instant ! Mais j’apprécie toujours ces préliminaires, ce rituel. Par contre au mouillage, la cape plus distinctive, offre une sapidité plus épicée, gorgée d’amertume à la texture grasse. A cet instant, rien ne présage la suite…
Passons maintenant à l’allumage, suivi de 10 bonnes minutes, je perçois très vite des saveurs très onctueuses, et gouleyantes. Vraiment surprenant, je ne m’attendais pas à cela ! Ainsi qu’une suavité de bon aloi qui couronne agréablement les prémices de cette rencontre. Les notes oscillent entre datte et banane, c’est bien la première fois que j’associe ce genre de saveurs à un cigare. D’une rondeur excellente, grasse et onctueuse, j’apprécie sincèrement ces premiers moments. La persistance aromatique quand à elle, joue très bien les prolongations, rien à dire. Un premier temps, plutôt prometteur et engageant.
Pour la suite, ne changeons rien ! Toujours cette suavité très douce et mielleuse. Aucune dissonance, un refrain exécuté à la perfection comme une jolie romance de notre ami Joe Dassin, un très bon cigare de ‘variété’, rien de très rock’n roll ! Un cigare agréable, mais trop linéaire sans véritable surprise qui semble fredonner la même chanson, limite collant et nauséeux. Pourtant nous sommes face à un cigare du Nicaragua mais qui n’a rien de Nicaraguayen ! Je ne retrouve pas les accords si expressifs, les repères habituels de ce terroir.
Dernier tiers, la recette est analogue ! Imaginez- vous au restaurant, où les 3 plats se succéderaient les uns après les autres sans distinction. Même le final est gras et suave, comment l’expliquer ? Je soupçonnerai bien un plat saucé dans sa phase de fermentation, mouillage des feuilles à base de miel, de tabac fermenté par exemple, ça ne serait pas la première fois. Pour moi, le final est anormalement sucré, et son absence totale d’âcreté et d’amertume ne fait qu’augmenter ma suspicion.
Un cigare que je qualifierai de bon et d’agréable ! Mais qui joue malheureusement dans un registre très vite ennuyeux, rien de très évolutif et de riche dans tout ça.
Parfaitement inutile pour ceux qui désirent voyager sans connaitre leur destination finale. Celui-ci, s’apparente assez à un voyage ‘Paris/Trouville’ en bus climatisé avec pique-nique compris sur l’aire de repos’ Beauchesne Nord sur l’autoroute A13’.
Ma note de cœur 8/20 ou 15/20, tout dépend du moment ou vous le fumerez.
- Origine: tripe: Nicaragua, sous-cape: Nicaragua, cape: Nicaragua
- Format: toro
- Taille: 140mm x 20
- Bague: 50
- Prix France: 4,5€