Cuba est pour beaucoup d’entre nous un Eldorado, une terre sainte, la Mecque du cigare. Un terroir unique au monde jalousement protégé par l’Etat cubain, mais il y a un paradoxe à cette histoire qui étonnera plus d’un. À ma grande surprise, peu de Cubains fument le cigare à la Havane, vous trouverez plus de vendeurs de faux Cohiba que de fumeurs dans la capitale ! Pas si étrange que ça, les Habanos sont inaccessibles pour la majorité d’entre eux, même si les prix sont plus intéressants que dans l’hexagone, un Partagas D4 revient à 5€ ( 6,15 cuc ) 1/5e du salaire d’un simple ouvrier. Beaucoup préfèrent se tourner vers la cigarette meilleur marché ( Popular, Hollywood pour les plus connus se partagent le marché cubain ). Pour ceux amateurs de tabac noir, ils peuvent trouver dans les épiceries locales ( Libra ) pour quelques pesos cubains un cigare correct de type Corona, reconnaissable par sa petite bague bleu, fréquemment retrouvée dans les caniveaux.( un cigare produit uniquement pour le marché intérieur, plus communément appelé cigare paysan )
Par contre, pour moi ce ne sera pas un frein à ma consommation. Je ferai en sorte de fumer égoistement 2 à 3 cigares par jour dans les plus beaux endroits de la ville, hôtel, patio, bar…exactement 40 dégustations en tout et pour tout !
Retournons à la vieille Havane où les glaçons de mon Mojito finissent de fondre et de reprendre ainsi notre visite avec notre charmante guide Carmen. Nous atteignons maintenant La basilique San Francisco ( Saint François D’assise ) avec sa statue éponyme située non loin des quais, s’ensuit la cathédrale de la vierge Marie à deux pas de la Bodeguita del Medio située dans la petite rue Empedrado. Ce bar rendu célèbre par ‘Ernest H’ abonde de touristes en tous genres, chacun pose pour la photo souvenir devant la façade paraphée de centaines de pensées griffonnées au feutre par des fans du monde entier. Étonnant pour un écrivain, plus de 40 ans après sa mort, son empreinte reste indissociable des années Batista, malgré une rencontre furtive par la suite avec Fidel Castro lors d’une poignée de main fallacieuse entre les deux hommes, maintenant immortalisée pour la postérité sur de nombreuses cartes postales.
Faîtes un tour sur le marché permanent sur la place des Armes, face au palais des Capitaines Généraux. Un lieu singulier pour ramener une part plus authentique de la Havane à la différence des breloques à souvenir. Un endroit parfait pour le chineur que je suis, et quelle découverte ? un exemplaire du ‘Club Cigare’ n° 33 de 2006 avec son magnifique reportage sur Zino Davidoff et sur l’histoire de Cohiba. Les étalages regorgent de livres sur la vie du ‘Che’, ‘Jose Marti’et sur Fidel, prosélytisme d’une révolution passée mais toujours présente à Cuba, ces livres côtoient aujourd’hui l’ennemi de toujours, dans des face à face improbables, parmi les héros de western immortalisés sur des romans photos et de vieux magazines américains, très à la mode dans les années 60. Des bagues de cigare pour les vitolphilistes, vieille montre à gousset, pièces de monnaie et décapsuleur coca vintage offrent aux flâneurs, d’innombrables tentations d’objets inutiles et hétéroclites. Pourtant un énorme livre attire ma convoitise, une encyclopédie qui n’est autre qu’un exemplaire unique, un recueil répertoriant tous les cigares du catalogue Habano antérieurs à 1959 ! Véritable trésor vendu pour 250€, trois kilos de papier que je préfère vite oublier afin de ne pas exploser mon budget dès les premiers jours, mais quel dommage !!
Nous terminons par un petit repas dans le patio de l’hôtel Conde de Villanueva dans la rue Mercaderes n°202 en compagnie des paons qui se pavanent avec insouciance parmi les flâneurs. Ce lieu abrite aussi un lieu prisé des amateurs, la célèbre petite ‘Casa del Habano’ se trouvant à l’étage, accès par l’escalier de vert vêtu tout de suite sur votre droite, vous mène directement à ce repaire authentique et chimérique des vieux comptoirs du 17e siècle.
J’espérais y déguster un cigare, mais malheureusement impossible !, cette casa est très fréquentée par les groupes de touristes en provenance direct de Varedero ( station balnéaire située à 150km à l’ouest de la Havane ) pour la visite éclair de la ville, pas forcément experts de bonnes volutes. Dès le seuil franchi se bousculent des grappes de 10 à 20 personnes où les femmes à leur grand désespoir sortent leurs mouchoirs pour se prémunir de l’odeur manifeste de cigare, certaines plus écoeurées finiront par quitter les lieux ! Accompagnées de maris dociles qui ne trouvent rien à y redire. Certaines oseront lâcher que «ça pue ! » vraiment lamentable me direz-vous ? Je suis de tout cœur avec vous. Préférez le matin vers 9h à l’ouverture ou vers la fin d’après-midi vers 17h, les vendeurs seront plus disposés à vous conseiller et vous pourrez avec quiétude vous relaxer dans le petit salon au fond à droite. A défaut, je me suis contenté du patio pour un tête à tête avec un ‘Cohiba maduro 5’ réputé injustement très fort, accompagné d’un café aromatisé d’un peu de rhum qui s’est associé à merveille aux notes corpulentes et onctueuses de ce module exceptionnel. ( à suivre… )
Encore bravo pour cet épisode qui nous plonge dans un monde inconnue (pour moi en tous cas) mais qui nous fais quand même presque sentir les arômes et senteurs de Cuba. En fermant les yeux on part déjà là-bas.
Merci encore!
Arnaud
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Très sympa ce deuxième volet . Le mythe de Cuba n’est pas facile à percer à cause de tous ces touristes qui ne viennent que pour le soleil. En tout le Cohiba maduro 5 est une vraie merveille ! Vivement le suite.
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Bel itinéraire, en effet, qu’on suit avec plaisir !
Et dis-moi, Edmond, es-tu allé à la rencontre des cubains et as-tu goûté ce cigare paysan à la bague bleue ?
Quant au Cohiba Maduro 5, lequel est-ce des trois : le Secretos, le Magicos ou le Genios ? Ce dernier peut-être…
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Ne soit pas impatient Cape, le cigare paysan sera dans les prochains épisodes lorsque je serai dans la vallée de VInales, je vous relaterai nos rencontres. En effet, ce module est le Genios.
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Merci pour ce partage d’expérience.
Un plaisir à chaque mot, on a l’impression d’y être!
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Je vous prépare, un 3e épisode prochainement…
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Je me pose une question : Normalement, tu prévois un 3ième épisode et espérons le que d’autres vont suivre. Par contre, tu viens d’avouer environ 40 cigares dégustés. En espérant que tu n’ai pas fumé trop de chose que tu connaissais déjà, cela veut-il dire qu’il va y avoir aussi de nouvelles dégustations retranscrites ? Il faut nous comprendre, bien que ma cave soit pleine (et qu’elle ne se vide que très lentement compte tenu du temps actuel)je suis toujours en chasse de nouveauté et je dois reconnaître que des dégustations orientent et orienteront mes prochains achats, alors vas-y, racontes nous tes trouvailles !
Et continues de nous raconter Cuba !!! C’est quoi la prochaine étape, la visite d’une usine, la discussion avec un Torcedor (ou une d’ailleurs), tes emplettes ? Allez Edmond, à l’écriture ! Et bon courage !
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patience, patience, l’ami! Je suis en phase d’écriture, et je dois trouver les bonnes formules pour vous faire rêver. Pour ce qui est des dégustations, en effet Edmond et les 40 cigares a du travail sur la planche. T’inquiète ça arrive, pfff…
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