Mes dix commandements…

J’aimerai dans cet article aborder des questions que beaucoup se posent et ni voyez aucun prosélytisme dans mes propos, je m’adresse à des personnes majeures, conscientes que le tabac sous toutes ses formes est nocif pour la santé, le tabac tue, le tabac provoque des cancers, etc…petit rappel pour ceux qui l’auraient oublié.

Avec mon expérience et humilité, voici quelques conseils utiles à ceux qui voudraient un jour voir s’opérer en eux la magie du tabac noir, et qui par manque de témérité resteront sur le seuil de leur convoitise. Comment, par quoi commencer ? Un jeune amateur peut être déconfit lors d’un premier contact avec une civette, surtout si celle-ci ne lui apporte aucun conseil. Une mauvaise expérience tuera dans l’oeuf, toutes vos ambitions. Les différents points ci-dessous, vous aideront à aborder certaine de vos interrogations. 

1er conseil : Éviter de vous rendre dans la première civette du coin de votre rue, du type ‘tabac/presse/loto’, la chance que votre buraliste prenne le temps de vous conseiller est quasi nul, beaucoup les vendent, mais peu les fument ! Je comprends qu’ils ne puissent s’attarder avec un client indécis, tiraillé par le doute de ses choix. À proscrire, même si sa cave est relativement bien garnie. Il y a parfois de belles exceptions, adresses recensées dans la revue ( L’amateur de cigare ).

Vous y reviendrez plus tard avec plaisir lorsque vos certitudes, vos expériences personnels seront plus assurées. Préférez une véritable civette, tenue par un hédoniste passionné, loin d’être avare de vous transmettre quelques préceptes cigarophiles.

civette cigare

2e conseil : Le désir de fumer le cigare doit être réfléchi, on se lève par un matin en se disant « tiens aujourd’hui je me taperai bien un Cubain ! » même si je respecte les mœurs de chacun, « se taper un Cubain » peut être ambigu et mal interprété de nos jours. Souvent, la motivation et l’envie sont suscitées par une tierce personne, un ami, un parent qui se livre depuis quelques années à ce rituel étrange. C’est toujours plus facile de commencer avec quelqu’un, mais rien de rédhibitoire à démarrer seul, je fais partie de cette catégorie !

3ème conseil : Concerne le savoir. Pour jouir avec délectation d’un cigare, il est indispensable de connaitre pourquoi, comment et où est-il conçu ? Tout ce travail en amont, vous permettra d’apprécier intelligemment votre premier ‘habanos’. Divers sites internet et blog vous apporteront des informations utiles dont le mien, bien sûr ! Beaucoup de livres sont également disponibles, inutiles de vous ruiner avec de nouvelles parutions, si vos poches sont percés préférer les bonnes occases sur Ebay ou Priceminister. Pour quelques euros, vous obtiendrez des recueils convenables pour parfaire votre enseignement. Voici quelques titres ( le livre du connaisseur de cigare, la grande histoire du cigare, L’ABCdaire du cigare, Manuel pratique de l’amateur de cigares, Habanos…et bien d’autres )

 4e conseil : votre premier achat, par quel cigare commencer ? Ce choix déterminera votre motivation à renouveler cette expérience. Commencer par un bon cigare, même si votre perception à l’apprécier à sa juste valeur n’est peut-être pas pas aboutie. Un mauvais cigare vous découragera à jamais de poursuivre votre parcours initiatique. Pour exemple ; il serait étrange de conseiller à un futur amateur de vins de commencer par une piquette de pochard, quel intérêt ? Que le seul but de vous dégoûter à jamais.

5e conseil : Choisissez un module de taille modeste avec un temps de fumage de 45 à 60 minutes, ne vous lancez pas dans un module trop long par défi ou pour amuser votre entourage. L’apprentissage et la gestion du temps sont primordiaux dans le fumage d’un cigare. Certains trouveront l’expérience très ennuyeuse, voire trop longue et pour d’autres extraordinaires. Chaque individu à sa personnalité, une sensibilité différente qu’il devra gérer en fonction du moment et de ses humeurs. Il faut beaucoup d’abnégation et de patience pour apprécier un cigare les toutes premières fois, et cet apprentissage de la gestion de temps s’optimisera naturellement au fil de vos dégustions. Un jour vous pourrez affronter ce légendaire cigare, un ‘Lusitania’ double Corona de chez Partagas’ un magnifique Cubain d’environ 2 heures de pur bonheur ! Mais avant cela, soyez patient et persévérant durant cette phase pédagogique. Et surtout ne pas commencer un cigare si vous n’êtes pas certain d’avoir le temps nécessaire de le terminer.

lusitania partagas

Lusitania Partagas

Voici quelques modules les plus adaptés qui s’offrent à vous : corona gorda, short robusto, Rothchild, petit robusto, corona, petite corona, ils demandent tous en moyenne des temps, variant de 45 à 60 minutes. Pour ensuite vous essayer rapidement au format robusto de ( 60 à 1hs30). Un format appréciable et goûteux, devenu la taille de prédilection de nombreux amateurs d’aujourd’hui. Voici pour démarrer une petite sélection de bons cigares pas trop puissants que vous apprécierez. Sachez qu’un gros module est toujours plus facile à fumer qu’un cigare plus fin, un gros diamètre ne doit pas être une entrave à votre sélection, privilégier ce genre de format dès le départ.

– short robusto ( Trinidad )/Cuba

– Petit churchill ( Romeo & Julieta )/Cuba

– petit edmundo ( Montecristo )/Cuba

– petit corona n°4 ( Montecristo )/Cuba

– corona gorda, le punch punch ( Punch )/Cuba

– Rothchild clasico ( Don Tomas )/ Honduras

– robusto, specially ( Ramon allones )/Cuba

– robusto, short churchill ( Romeo & Julieta )/Cuba

– robusto, regios ( Saint Luis Rey )/ Cuba  

6e conseil : Une fois munie de votre petit matériel ( coupe-cigare, allumette, briquet à gaz) dont votre civette préférée vous aura gracieusement offerte. Vous serez paré. Choisissez un début d’après-midi ou un après déjeuner, sur votre terrasse, au bord de l’eau ou à l’ombre d’un arbre. Un endroit si possible tranquille et reculé qu’il conviendra de choisir avec attention au risque d’être dérangé par des promeneurs pas toujours complaisants avec l’odeur de votre cigare. Éloignez-vous des endroits publics trop fréquentaient les jours de beau temps, la terrasse des cafés bondés les jours d’été. Eh oui pas facile pour un citadin d’assouvir sa passion sans être qualifié d’empesteur.

Voilà, disons donc que cet endroit rêvé s’offre enfin à vous. Assis sur votre banc à l’ombre d’un châtaignier, coupé du monde et ( sans portable), je précise ! Fumer un cigare est une pause, un arrêt sur image, un moment de réflexion si vous fumez seul ou un moment de convivialité si vous le partagez entre amis. Les sonneries intempestives, vous oubliez.

 

banc arbre

7e conseil : Ne vous précipitez pas sur l’allumage, apprivoisez-le avant. Faites connaissance en le manipulant, en l’humant. Tous vos sens doivent être en éveille, la vue, le toucher, l’odorat et l’ouïe. Eh oui ! l’écoute de votre cigare auprès de votre oreille vous renseignera sur son état, en exerçant une légère pression entre le pouce et l’index, il vous murmura son état de conservation. « Un son de ‘chips’ ou de ’Rice Krispies’, trop sec il sera et inversement un son sourd et gras trop humide il deviendra. »

Pour la coupe, humidifier légèrement la tête, utilisez votre guillotine de façon que la lame soit bien à l’équerre, juste en dessous des prémisses de l’arrondi à peine à 1 mm suffira, à cet endroit vous trancherez fermement et sans trembler. Ce travail accompli, il convient maintenant de l’allumer.

Diverses méthodes s’offrent à vous, allumettes ou briquet gaz. Votre « Zippo vintage » laissez- le avec vos autres reliques, vous savez ce carton dans lequel vous conservez ( bandana, badge ACDC, sac US et lettre de vos ex petit amies )  vous l’oubliez !, les vapeurs d’essence nuiraient irrémédiablement votre cigare.

Un conseil, commencez avec de grandes allumettes de 10 cm maximum en prenant soin de la craquer à bonne distance pour éviter les relents de souffre. Ensuite, approchez- le en le tournant sur lui-même, en effectuant de brève inspiration, le pied du cigare doit s’embraser pendant quelques secondes. Une fois l’extrémité éteinte le pied doit être uniformément rougeoyant. Vous pouvez souffler légèrement dessus pour activer cette braise pour l’égaliser. Eh Voilà ! votre cigare allumé, la dégustation peut commencer.

coupe cigare

8e conseil : Le rythme d’inspiration conseillée et donnée d’1 toutes les minutes ( prodigué par Zino Davidoff dans son livre ) personnellement je trouve cette minute assez longue, 30 à 45 secondes me semble déjà pas mal. Moins de 20 secondes, votre cigare risque de chauffer inutilement et de bruler toutes ses matières organoleptiques et aromatiques des feuilles qui le composent, les molécules dégradées laisseront place à de l’âcreté et une sensation piquante et désagréable. Un cigare se consume lentement à bonne température de façon à accroitre dans les meilleures conditions son bouquet d’arôme. Au même titre qu’un bordeaux se déguste à 17-18°, un rosé à 9-10°, un champagne à 7-8°. Le contrôle de cette température reste intuitif nul besoin d’une sonde de cuisson, passer juste le pied du cigare devant votre lèvre pour ressentir cette chaleur, absente: le cigare s’éteint, un rayonnement trop intense: le cigare est en surchauffe.

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9e conseil : On n’inhale jamais la fumée au risque de vous rendre malade ou de vous faire tousser comme un tuberculeux, même si pour certains cela peut paraître une évidence. La fumée se savoure, se mange, se mâche afin d’exhausser au mieux ses arômes. Cette sapidité se propage dans votre bouche grâce à tous les récepteurs sensoriels de votre langue au nombre de 4 ( acidité, amertume, salé et sucré), ensuite après 4 à 6 secs, expulsez là lentement, pour permettre une légère olfaction. Je déconseille vivement la rétro-olfaction que je juge trop agressive pour les cils olfactifs de votre cavité nasale. Bien sûr, elle ne nécessite pas d’être réitéré à chaque bouffée pour apprécier pleinement votre vitole, mais juste une phase transitoire à votre dégustation.

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10e conseil : L’heure fatidique approche pour votre compagnon d’infortune de rendre son dernier souffle. Prosaïquement, vous éviterez de l’écraser ou de le balancer comme un mégot. Les restes d’un cigare se nomment le « cabo », le rituel consiste simplement à le déposer dans votre cendrier ou ailleurs pour qu’il s’éteigne de lui même avec égard. Inutile et superflu de se signer ou de faire un voeux !

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Edmond

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